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LA ARBOR DE JUDA
La tren de 21:20La arbor de Juda

La arbor de Juda

La noveleta eponim estraeda de La arbor de Juda (1976-1979) de Gilles Davray[¹]
Traduida de franses par Michel Gaillard

Mostra ance la testo orijinal

La via ia es mal vidable. La frotadores no ia susede plu scopi la deluvia cual versa forte sur la paraventa. E esta via sin fini… Me ia es odiante gida.

La visibilité était mauvaise. Les essuie-­glace n’arrivaient plus à chasser le déluge qui s’abattait sur le pare­-brise. Et cette route qui n’en finissait pas… J’avais horreur de conduire.

Me no sabe lo cual ia motiva mea parti. Posible esta adirije cual me ia trova en la pox de mea jacon vea… O la curiosia. O, cisa, la noia.

Je ne sais pas ce qui m’avait poussé à partir. Peut-être cette adresse que j’avais trouvée dans la poche de mon vieux manteau… La curiosité aussi. À moins que ce ne soit l’ennui.

Cuando un camion ia veni frontal a me, sua luses, tra un momento, ia abalia me total. La acua ia flue sur la via e ia inonda la campos. Ultima, me ia perde cualce evalua de la dura. Lo pare a me ce me gida per dias – traversante viletas, vilas, sin ce me es vera consensa. Sirca me, la vista resta sempre tan gris, tan neblosa.

Un poids lourd me croisa et, pendant quelques instants, je ne vis plus rien. L’eau coulait sur la chaussée, les champs s’inondaient. J’avais fini par perdre toute notion du temps. Il me semblait que je roulais depuis plusieurs jours. Je traversais les villages, les villes, sans m’en rendre vraiment compte. Autour de moi, le paysage restait toujours aussi gris, aussi flou.

Lo no noti ancora, ma la nubes pesosa filtri debil un lus gris, nonsufisinte. Pos alga tredes cilometres, me ta pote reposa. Mea lombo dole.

Il ne faisait pas encore nuit, mais les nuages lourds ne laissaient filtrer qu’une très faible lumière grise, insuffisante. Plus qu’une trentaine de kilomètres et je pourrais me reposer. J’avais mal aux reins.

Apena a setembre, la autono ia ariva ja subita, pos du o tre tempestas forte. Cadun ia es surprendeda par esta clima tan brusca fria. A la semana presedente, la turistes ia es ancora bruninte al sol, sur la plaias de la costa; multe ia temprani sua parti.

Nous n’étions qu’au mois de septembre, mais l’automne était arrivé d’un coup, à la suite de deux ou trois violents orages. Tout le monde avait été surpris par ce temps si brutalement rafraîchi. La semaine précédente, les touristes se doraient encore au soleil, sur les plages de la côte, et beaucoup avaient dû avancer leur départ de quelques jours.

Me segue aora un via peti serpentin, bordada con arbores, a basa de un colina. Pronto, me no vide plu alga cosa, a cualce lado de la angulo de la luses sur la via. Lo noti, me fri. Me crede distingui alga casas. La pluve ia sesa, ma como me pote locali, en media de la note? Mea mapa pare subita vera tro simple.

Je suivais une petite route sinueuse, bordée d’arbres, qui longeait le pied de la colline. Bientôt, je ne vis plus rien de part et d’autre du faisceau lumineux que les phares projetaient sur la chaussée. La nuit était venue. Il faisait froid. Il me semblait distinguer les premières maisons. La pluie avait cessé, mais comment m’y retrouver en pleine nuit ? Mon plan paraissait soudain assez sommaire.

Me ariva sur un plaza vacua, do me parci mea auto. A esta momento, un silueta apare a la fini de la strada. An con la oscuria, me susede reconose esta xica con esta fas areolida con risas blonde, un fas sur cual me leje un surprende grande. El para, regarda me, panicada, el returna e fuji. Me lasa pronto la auto e, corente, me segue el, profitante de un raio de luna.

J’aboutis sur une place déserte où je garai mon véhicule. À ce moment, une silhouette apparut au bout de la rue. Malgré l’obscurité, j’eus le temps de reconnaître cette jeune fille au visage auréolé de boucles blondes sur lequel je lus une grande surprise. Elle s’arrêta net, me regarda affolée, puis tourna les talons et s’enfuit. D’un bond, je quittai la voiture et m’élançai à sa poursuite à la faveur d’un rayon de lune.

Cual cosa el fa asi, en esta suburbe desabitada? Car me ia debe asusta el, me clama el per cuieti el. Ma el no responde, continuante sua core tra la stradetas oscur. Pronto me no oia plu sua pasos, no vide el. No plu cosa. Me ia perde el.

Que faisait-­elle ici, dans ce quartier désert ? J’avais dû l’effrayer, aussi l’appelai­-je pour la rassurer. Mais elle ne répondit pas, poursuivant infatigablement sa course à travers les ruelles obscures. Bientôt, je n’entendis plus ses pas, ne la vis plus. Plus rien. Je l’avais perdue.

Me es perdeda. La nubes masci la luna, me no vide pos sinco metres. Vera desorientada, me no sabe plu do me debe dirije. Tota la casas es simil, tan oscur, tan menasante.

J’étais égaré, les nuages masquaient la lune, on ne voyait plus à cinq mètres. Complètement désorienté, je ne savais plus quelle direction prendre. Toutes les maisons se ressemblaient, aussi sombres les unes que les autres, aussi inquiétantes.

Un basin antica de lava. Me regarda mea mapa: la rueta cual me xerca es a fronte. Me entra ala e me trova la impas, lejera luminada par un lus a la entra de la casa de Telima do me ia debe vade.

Un lavoir. Je consultai mon plan : ce devait être la rue en face. Je m’y engageai et trouvai l’impasse, légèrement éclairée par une lumière, sur le perron de la maison de Thélima, où je devais me rendre.

A ante, un jardin con sua arbor de Juda tan enorme, un porteta metal con un campana vea. Regardante la fenetras oscur de la fasada, me recorda ce esta tipo de casa posese jeneral un jardin grande a retro, a fronte de la salas xef.

Devant, un jardinet et son immense arbre de Judée, un portillon métallique, avec une vieille clochette. Parcourant des yeux les fenêtres éteintes de la façade, je me souvins que ce genre de maison possède généralement un grand jardin, de l’autre côté, sur lequel donnent les pièces d’habitation.

Pos alga pasos, me ariva a la porte de entra, tape sur lo a du veses e, sin tardi, turna la manico e pasea con esita en la coredor oscur asta un porte grande con vitros martelida asedente a un sala envolveda en luses dulse e discreta.

Je franchis en quelques enjambées la distance qui me séparait du porche, je frappai deux coups au battant et, sans attendre de réponse, tournai le loquet. Je fis quelques pas hésitants dans le couloir sombre; une grande porte aux vitres martelées s’ouvrait sur un hall que des éclairages indirects et discrets baignaient de leur douceur feutrée.

Me puia e entra. En un angulo de la sala, un table basa peti. Cartas. Manos – longa, delicata. E ela. En un roba diafana de seda blanca. Capeles negra, longa, caresa sua spalas, liscante a sua lombo.

Je poussai le battant. Dans un coin de la pièce, une petite table basse. Des cartes. Des mains, longues et fines. Et elle. Dans un déshabillé de soie blanche. De longs cheveux noirs caressaient ses épaules, glissant mollement jusqu’à ses reins.

« Como tu vide », Telima dise, ponente la jua de cartas a ante, con un flama strana nasente en la fondo de sua oios, « me ia es espetante tu. »

« Tu vois », dit Thélima, posant le jeu devant elle, une flamme étrange naissant au fond de ses yeux, « je t’attendais. »

La 9 de spada lisca de la jua. Un acaso pur… Un posible entre tredes-du. Un acaso pur?

Cependant, . Le 9 de pique glissa. Un pur hasard… Une chance sur trente deux. Un pur hasard ?

El oserva me, e invita afin me prosimi. El mostra a me un botela; pos mea anui, el servi un vitro a me. Me lasa ce me cade en un sejon comfortante, a fas de el. El repone la 9 de spada en la jua. Me vacui mea vitro, sorbe pos sorbe, atentante comprende lo cual ia motiva mea veni asta ala.

Elle m’observa et m’invita à m’approcher. Elle me désigna une bouteille puis, ayant attendu mon acquiescement, m’en servit un verre. Je me laissai choir dans un vaste et confortable fauteuil en face d’elle. Elle remit ensuite le 9 de pique dans le jeu. Je vidai mon verre par petites gorgées, tout en essayant de comprendre ce qui m’avait poussé à venir jusqu’ici.

« Lo ta deleta me ce tu come con me. »

« J’espère que tu me feras le plaisir de dîner avec moi. »

Telima, con oios soniosa, pare envolveda en un fantasia dulse, perdeda en la arabescas de la sofito, un marania de ederas artosa depintada. Esce an me ia encontra el ja? Me foraje mea memoria, sin ce, a cualce ves, me retrova sua trasa. Lo ia ta es difisil ce me no nota el: on no ta pote oblida un tal fas, un tal corpo…

Thélima, les yeux songeurs, semblait plongée dans un rêve des plus doux, rejoignant les arabesques du plafond, un enchevêtrement de lierres habilement peints. L’avais­-je déjà seulement rencontrée ? Je fouillai mes souvenirs sans jamais y retrouver sa trace. Pourtant, il m’aurait été difficile de ne pas la remarquer : on ne pouvait oublier un tel visage, un tel corps…

« La comeda es servida en la salon peti, tal como Seniora desira. »

« Le dîner est servi dans le petit salon, comme Madame le désirait. »

Me turna pronto, ma la xica ia sorti ja de la sala.

Le temps de me retourner, la jeune fille avait déjà quitté la pièce.

« Me vesti un roba e me reveni a tu », Telima dise a me.

« J’enfile une robe et je te rejoins. »

Telima veni apena de sorti cuando un fas pupin ia apare – con un macia simple, favorente sua oios azul, bela, briliante, e un boca amirable desiniada. Ela, Mirto, sta vera ala. Me ta vole demanda a el perce el ia fuji, poca a ante, ma el ia turna ja, invitante ce me segue el.

Thélima venait de sortir à son tour lorsque apparut devant moi un petit visage de poupée juste suffisamment maquillé pour mettre en valeur de beaux yeux bleus pétillants et une bouche admirablement dessinée. C’était bien Myrte. J’allais lui demander pourquoi elle s’était enfuie tout à l’heure, mais elle avait déjà tourné les talons, m’invitant à lui emboîter le pas.

Amirante la onda dulse de sua anca, me traversa la sala, asende alga grados de un scalera larga, asta la porte materasida de lo cual me suposa es la salon peti, par causa de sua mobilas e cortinas valuosa. La utiles de come, ordinada sur un telon blanca con miscas sutil de brode, fasina me par la brilia de la cristal, de la arjento e de la porselana delicata.

Tout en admirant la souple ondulation de ses hanches, je traversai la pièce, gravis quelques larges marches jusqu’à une porte capitonnée qui s’ouvrait sur ce que je supposai être le petit salon, précieux par ses meubles et ses tentures. Le couvert, dressé sur une nappe blanche brodée de fins entrelacs, m’impressionna par l’éclat du cristal, de l’argent et de la porcelaine fine.

La presentia de Mirto remente me de la realia. Me saisi sua spalas afin el escuta me.

La présence de Myrte me rappela à la réalité. Je la saisis par les épaules pour l’obliger à m’écouter.

« Aora, nos es sin otra a sirca: dise a me lo cual tu maneja asi. Cual comedia tu jua? »

« Maintenant que nous sommes seuls, dis­-moi ce que tu fais là. Quelle comédie joues­-tu ? »

Pos un luseta de surprende a fondo de sua regarda, sua fas perde cualce espresa. El no va dise alga cosa. Profitante de la laxi de mea teni, el fuji con freta e sorti.

Une petite lueur de surprise au fond de son regard, puis son visage se ferma. Elle ne dirait rien. Profitant d’un instant où je desserrais mon étreinte, elle s’enfuit précipitamment sans repousser la porte.

Con un jesti de descura, me lansa mea jacon sur un sejon duple e regarda la sala. En fato, lo es sola un alcova elevada, con cortinas cluida, e cual es un parte de la salon grande.

D’un geste qui se voulait négligent, je lançai mon manteau sur le dossier d’une bergère et fis le tour de la pièce. En fait, ce n’était qu’une alcôve légèrement surélevée dont on avait tiré les rideaux et qui faisait partie du grand salon.

Telima entra, vestida con un roba longa azul, multe escotada e ornada con brodes de filos oro. Sur sua spalas, un xal blanca, cual el pone a lado de mea jacon. El sinia afin me senta, e final nos es con fas a fas.

Thélima entra, vêtue d’une longue robe bleue très décolletée ornée de broderies de fil d’or. Sur ses épaules, un châle blanc qu’elle déposa près de mon manteau. Elle me fit signe de m’asseoir et nous nous retrouvâmes tous les deux face à face.

A alga veses tra cuando nos es comente, la regarda de Mirto, ci servi nos, encontra la mea: un regarda nonconsernada, cuasi sin afeta.

Plusieurs fois durant le dîner, le regard de Myrte, qui nous servait, croisa le mien : un regard indifférent, presque froid.

Final mea ospitor leva, lasa la table e, pos alga pasos en la salon peti, el senta sur la sejon. Me leva ance, lasa mea seja per senta en la sejon, a sua lado. Cual es sua vole, en fato?

Mon hôtesse se leva de table, fit quelques pas dans le petit salon, puis vint prendre place sur la bergère. Je quittai ma chaise pour le divan. Que me voulait­-elle, au juste ?

Sua labios tanje lejera la meas, en un besa corta.

Ses lèvres vinrent effleurer les miennes dans un rapide baiser.

« Nos pote vade », el anunsia­ mera.

« Nous pouvons y aller », annonça­-t­-elle simplement.

Me lasa ce el dirije me tra la salas, sin ce me atenta orienta. Me reconose pronto la biblioteca; a fondo, Telima leva un cortina, descovrente un porte basa, cual nos pasa. Scaleras de petra segue alora, tra longa, desendente sin fini. Me no sabe cuanto nosa desende ia dura ante cuando nos ateni esta pave lejera umida. Voltas vasta disolve en la oscuria, supra nosa testas, como a interna de un castel medieval o de un templo suteran. A alga veses – e lo surprende me tan forte –, a retro de un colona o en la solo mesma, nos encontra alga asedes de metro. Telima prende mea braso per gida me. A la otra lado, on ave no mur. Ance no rel de balustres. Sola un paseria streta, pasante supra un presipe profonda e oscur.

Je me laissai conduire à travers les salles sans chercher à m’orienter. Je reconnus bientôt la bibliothèque. Tout au fond, Thélima souleva une tenture derrière laquelle se cachait une porte basse que nous franchîmes. Ce furent alors des escaliers en pierre qui n’en finissaient plus de descendre. Je ne sais combien de temps nous avons pu mettre avant d’atteindre ce dallage légèrement humide. D’immenses voûtes se perdaient dans l’obscurité, au-­dessus de nos têtes, comme à l’intérieur d’un château­-fort médiéval ou d’un temple souterrain. À mon grand étonnement, au détour d’un pilier ou au beau milieu du sol, nous croisions parfois des bouches de métro. Thélima me prit le bras pour me guider. De l’autre côté, il n’y avait pas de mur. Pas de balustrade, non plus. Qu’une étroite passerelle enjambant un gouffre profond et noir.

La dia ia comensa apena cuando on tape a mea porte. Lenta me traversa la salon e vade a desclavi: lo es Alzon, un ami vera. En pasa, me pensa ce me no ave alga otra. El entra, regarda me con un regarda lejera demandante e senta en un sejon pos un « bon dia » indicante alga manca de dormi.

Le jour se levait à peine lorsqu’on frappa à ma porte. À pas mesurés, je me rendis dans le séjour et tirai le verrou. C’était Alzon. Un ami. Un vrai. D’ailleurs, je ne pensais pas en avoir d’autres. Il entra, posa sur moi un regard légèrement interrogateur et s’installa dans un fauteuil après un « bonjour » dénotant un manque certain de sommeil.

Alzon es un person estracomun. Serta el depinta amirable bon, ma ance el ave un disposa merveliosa, cual fa el un ami estrema plasente. El es interesada par tota lo cual pertine, plu o min, a la persepi de la cosas, de la arte a la matematica: natural curiosa, el es ocupada xef par la problemes cual nun ia resolve a ante! Cada de sua projetas defia la razona comun. Par acel causa, el xerca sempre plu, tra la pares, la opera grande.

C’était un drôle de personnage. Non seulement il peignait admirablement bien, mais il était doté d’un caractère merveilleux qui faisait de lui un ami extraordinairement agréable. Il se passionnait pour tout ce qui avait trait, de près ou de loin, à la perception des choses, de l’art aux mathématiques. D’un naturel curieux, tout l’intéressait. Surtout les problèmes que personne n’avait jamais résolus ! Chacune de ses initiatives était un défi à l’ordre établi, à la raison commune. C’est pour cela qu’il cherchait toujours plus loin, derrière les apparences, le mécanisme universel.

A la anio cuando nos ia descovre lunlotra, el ia veni de fisa se en un studio peti, a la fondo de un patio, a sento metres de mea casa. Nos ia es encontrante nos a cada matina en la mesma caferia, per nosa come prima e la leje de la jornal. A un dia, el ia comensa un discute e invita me afin me vade a vide sua lonas. Seguente, no un semana ia pasa sin ce un de nos visita la otra.

L’année où nous nous étions rencontrés, il venait de s’installer dans un petit atelier, au fond d’une cour, à cent mètres de chez moi. Nous nous retrouvions chaque matin dans le même bar, devant notre petit déjeuner, à lire le journal. Puis, un jour, il avait engagé la conversation et m’avait invité à venir voir ses toiles. Depuis, il ne se passait pas une semaine sans que l’un de nous ne rendît visite à l’autre.

« Me ia labora tra tota la note per mea mostra, pos cuatro dias. Multe lonas resta ancora per molduri. Si tu vole visita me, me no lasa plu la studio… »

« J’ai travaillé toute la nuit pour mon exposition. C’est dans quatre jours. J’ai encore de nombreuses toiles à encadrer. Si tu veux passer me voir, je ne quitte plus l’atelier… »

La vila intera es envolveda en un gris pegosa, en cuando un pluve, lejera como un nebla, mugri la aira ja cargada con la gas de combusta.

La ville entière baignait dans une grisaille poisseuse tandis qu’une pluie légère comme de la brume encrassait l’air déjà chargé de gaz d’échappement.

Mirto puia la porte de vitro de la bar, pasa entre la tables asta la mea e senta a fas de me. El desapone sua jacon sur la reposadorso de sua seja. Me conose el bastante per nota, de sua fas nonormal casual e sua regarda evitante, un afeta grande.

Myrte poussa la porte vitrée du bar, se fraya un passage jusqu’à ma table et s’installa en face de moi. Elle retira son manteau, qu’elle accrocha au dossier de la chaise. Je la connaissais suffisamment pour constater, à son air anormalement désinvolte et à son regard fuyant, qu’elle était en proie à une forte émotion.

Me recorda el, a multe anios a ante, cuando el ia es veninte asi, sentante a lado de la colona e de la miror; sempre, pos la ajusta de sua capeles, el ia es bevinte, con sorbes corta, sua te aromida con orania. Si me no nota sua entra, me ia divina sua presentia par la parfum pico dulse esflueda a sua pasa. Me ia es vidente el per des o des-sinco minutos a cada dia; an tal, si el no ia veni, me ia senti frustrada. A la estate, el ia es portante un roba blanca lejera, fendeda a la lado, o un jina e un jaca abrida sur un camiseta ornada. Pos cuando el ia bevi sua tas, el ia es sortinte de la bar, penetrante la bus numero 9, prosima a la asede de metro de la plaza de la Spada. El ia es desaparente alora, sumerjida par la trafica stradal.

Je l’imaginai alors plusieurs années auparavant, lorsqu’elle venait s’asseoir près du pilier, à côté de la glace ; elle rajustait sa coiffure puis buvait à petites gorgées le thé à l’orange qu’on lui servait. Quand il m’arrivait de manquer son entrée, je devinais sa présence au parfum un peu sucré qu’elle répandait sur son passage. Je ne l’apercevais que dix ou quinze minutes chaque jour ; pourtant, si elle venait à s’absenter, je me sentais frustré. L’été, elle portait une petite robe blanche fendue sur le côté, ou un jean et un blouson qu’elle gardait ouvert sur un tee­shirt décoré. Sa tasse vide, elle quittait le bar pour s’engouffrer dans le bus n° 9, dont l’arrêt jouxtait la bouche de métro de la place Lepic. Elle disparaissait alors, noyée dans l’affluence des véhicules.

A pos, multe tempo ia pasa. Final, nos ia susede conose lunlotra, vive frecuente en junta, deveni enamada.

Depuis, bien du temps s’était écoulé. Nous avions fini par faire connaissance, par nous fréquenter, nous aimer.

« Me senti tu strana, oji », me confida a el.

« Je te sens drôle, aujourd’hui », lui confiai­-je.

El es vidable embarasada. Me bevi lenta, sin ce mea oios lasa el, espetante ce el deside parla.

Elle était visiblement gênée. Je buvais lentement sans la quitter des yeux, attendant qu’elle se décidât à parler.

« Me no pote resta con tu, a esta sera », el confesa final.

« Je ne peux pas rester avec toi ce soir », avoua­-t­-elle enfin.

« Perce? »

« Pourquoi ? »

El no responde.

Elle ne répondit pas.

« Bon. Alora doman? »

« Tant pis. Demain, alors ?

« Ance no. »

« Demain non plus. »

Me comensa comprende lo cual el intende sinifia. Sua oios, fisante la meas, pare a me alora plu bela ca usual, plu grande, plu clar.

Il me sembla comprendre où elle voulait en venir. Ses yeux, rivés aux miens, me parurent alors plus beaux que de coutume, plus grands et plus clairs.

Me aida el.

Je lui vins en aide.

« De longa tu intende dejunta tu de me? »

« Il y a longtemps que tu veux me quitter ? »

El anui con un bate de sil.

Elle acquiesça d’un battement de cils.

« Me ia nesesa esta sonia, a note… Un sonia strana. On ia ave un ami, cual me no ia vide de sirca tre anios… e tu… nos es tan diferente de lunlotra… Lo no ia ta pote dura. Tu comprende? »

« Il m’a fallu ce rêve, cette nuit… Un rêve étrange. Il y avait une amie que j’ai perdue de vue depuis bientôt trois ans… Et puis toi… Nous sommes si différents l’un de l’autre… Ça n’aurait jamais pu durer. Tu comprends ?

— Nonesata. »

— Pas vraiment. »

No sabente cual ajunta, me deside silenti.

Ne sachant trop qu’ajouter, je pris le parti de me taire.

El deveni soniosa, como si un idea veni de nase en sua mente. El estrae de sua bolsa un paper sur cual el scrive alga parolas, en cuando la bus numero 9 apare a la fini de la strada.

Elle devint songeuse comme si une idée venait de naître dans son esprit. Elle sortit de son sac un papier sur lequel elle griffonna quelques mots quand l’autobus n° 9 apparut au bout de la rue.

« Me debe vade, aora. »

« Il faut que j’y aille, maintenant. »

Me ia senti un preseta peti a la cor cuando Mirto leva e permete a me un besa lejera.

J’eus un petit pincement au cœur lorsque Myrte se leva et m’accorda un léger baiser.

« Tu ta debe pensa ofre a tu un jacon nova », el ajunta­ ante ce el parti. « Esta es alga ruinada! »

« Tu devrais songer à t’offrir un nouveau pardessus, ajouta­-t­-elle avant de partir. Celui-­ci est plutôt fatigué ! »

Mea regarda segue el, e me perde el direta cuando el misca en la fola fretante de la pasajores.

Je la suivis du regard jusqu’à la porte puis la perdis de vue dès qu’elle se mêla à la foule pressée des passagers.

Pronto sejas ia libri. Mirto senta a lado de un fenetra, per oserva plu bon la curso cual el vade a redescovre pos tre anios longa. Esce Telima abita ancora esta casa, a norde de la vila, en esta distritos cual estende ultra la termina de la linia numero 9?

Très vite, des sièges s’étaient libérés. Myrte s’installa près d’une fenêtre pour mieux observer le parcours qu’elle allait redécouvrir après trois longues années. Thélima habitait-­elle toujours cette maison, au nord de la ville, dans ces quartiers qui s’étendaient au-delà du terminus de la ligne n° 9 ?

De pos la para ses de la bus, ela sta solitar con la gidor e la biletor. Stradas e construidas con luses plu e plu rara pasa ante sua oios en cuando on ariva a la suburbe do lo es preferable ce on no vaga solitar a note.

Dès le sixième arrêt, elle se retrouva seule avec le chauffeur et le contrôleur. Des rues, des immeubles aux enseignes lumineuses de plus en plus rares défilaient devant ses yeux alors qu’ils abordaient le quartier périphérique où il est préférable de ne pas se hasarder seul, la nuit.

« Tota ia cambia tan! » la xica nota.

« Ça a bien changé ! » constata la jeune fille.

La gidor, ci dormeta en sua loca de vitro, abri un oio.

L’homme, qui somnolait dans sa cage de verre, ouvrit un œil.

« E pos un tempo tan corta! Me no comprende perce esta linia es mantenida. No abitor vive ala aora! Lo es strana ce on no ia destrui la casas per construi tores de apartes o fabricas. Lo ta es plu usosa ca casas vacua. An la vagabones no vade ala! Los prefere dormi en la coredores de la metro…

« Et en bien peu de temps ! Je ne comprends pas pourquoi cette ligne est maintenue. Il n’y a plus jamais personne ! C’est bizarre qu’on n’ait pas rasé le quartier pour y planter des H.L.M. ou des manufactures. Ce serait plus utile que des maisons vides. Même les vagabonds n’y vont pas ! Ils préfèrent dormir dans les couloirs du métro…

— Ma cual cosa ia aveni?

— Mais que s’est-­il passé ?

— Me no sabe. Lo es ancora plu stonante car esta distritos situa a min ca un dui-­ora de la vivosia urban! En pasa, nos ariva. »

— Je n’en sais rien. C’est d’autant plus étonnant que ces quartiers se trouvent à moins d’une demi­-heure de l’animation de la ville ! D’ailleurs, nous arrivons. »

La strada de tera fini a un plaza deserta ensircada par casas abandonada. La biletor ensende un sigareta.

L’avenue de terre battue aboutit à un square désert entouré de maisons abandonnées. Le contrôleur alluma une cigarette.

« Termina! » el anunsia cuando la bus para.

« Terminus ! » annonça­-t­-il lorsque le bus s’immobilisa.

Un pluve lejera melmi la troterias de la plaza de la Spada. Me no ia lasa la bar pos la parti de Mirto, atentante comprende la razonas de esta fini de relata brusca.

Une pluie fine engluait les trottoirs de la place Lepic. Je n’avais pas quitté le bar depuis le départ de Myrte, cherchant à comprendre les raisons de cette brusque rupture.

Forajente la pox de mea jacon, esperante trova alga monetas, me trova esta peso de paper pliada, sur cual me leje, a lado de un mapa elementin:

C’est en fouillant dans la poche de mon manteau dans l’espoir d’y trouver quelques pièces de monnaie que je découvris cette curieuse feuille de papier pliée en quatre sur laquelle je lus, en marge d’un plan succinct :

 TELIMA
  La Arbor de Juda
  Impas de la Note

 THELIMA
  L’Arbre de Judée
  Impasse de la Nuit

En la gris de esta comensa de posmedia, me pasa la porton asedente la patio a fondo de cual la studio de la depintor es luminada. Me entra sin tape.

Dans la grisaille de ce début d’après-­midi, je passai le porche donnant accès à la petite cour au fond de laquelle l’atelier du peintre était éclairé. J’entrai sans frapper.

« No disturba tu, lo es me. »

« Ne te dérange pas, c’est moi. »

El turna a me, estrae alga clos de sua boca e pone los sur sua table de labora.

Il se retourna, retira les clous de sa bouche et les posa sur son établi.

« Veni a esta parte. No ofende si me continua labora; me ia tardi tan.»

« Viens par ici ! Ne te vexe pas si je continue à travailler ; j’ai pas mal de retard. »

Un stufa de cerosen ronci en media de esta sala multe conjestada par lonas, scafales, e multe ojetos diversa sin usa conosable per me.

Un gros poêle à mazout ronflait au milieu de la pièce très encombrée par des toiles, des rayonnages et toutes sortes d’objets dont l’utilité m’échappait totalement.

« Tu vide: me molduri. Cual motiva tua veni? »

« Tu vois, j’encadre. Quel bon vent t’amène? »

Me senta sur un sejeta en cuando Alzon fini fisa la lona cual el vade a pone, a pos, contra la mur.

Je m’assis sur un tabouret tandis qu’Alzon achevait de fixer la toile qu’il alla ensuite poser contre le mur.

« Como tu esplica la presentia de esta paper en la pox de mea jacon cual nunca me lasa? »

« Comment expliques­-tu la présence de ce papier dans la poche d’un manteau que je ne quitte jamais ? »

El prende la folia.

Il prit la feuille.

« Ci el es, Telima?

« Qui c’est, Thélima ?

— No idea! Me conose no acel nom, no acel adirije.

— Pas la moindre idée ! Je ne connais ni ce nom ni cette adresse.

— Interesante. Cual tu espeta per vade ala?

— Intéressant. Qu’attends­-tu pour y aller ?

— Me an no sabe do lo locali!

— Que je sache où ça se trouve !

— La problem va es solveda pronto. »

— Le problème sera vite résolu. »

El leva, desordina alga libros sur un scafal e reveni con un surie de vinsor e un mapa de la vila. La folias voleta; sua dito segue un colona de parolas spesa primida… e para.

Il se leva, dérangea quelques livres sur une étagère et revint triomphalement avec un plan de la ville. Les feuilles voltigèrent, puis son doigt suivit une colonne de mots imprimés en caractères gras ; s’immobilisa.

« Vide asi: impas de la Note… G12. Lo debe es a norde », el murmura, despliante la mapa.

« Voilà : impasse de la Nuit… G­12. Ce doit être au nord », murmura-­t-­il en dépliant la carte.

Me veni a retro de el.

Je passai derrière lui.

« Ala! a supra! » me esclama.

« Là ! en haut ! » m’écriai­-je.

A la sorti de la vila, si on entra en la via cual asende a norde, on ariva pronto a planos alta do la tera pare ja caldida a un temperatur multe forte, como pos un ensende de foresta. La solo es fesurida. An tal, cuando on traversa acel rejion, on senti ce un pluve minima ta cambia lo en un fangeria vasta. A no loca on nota cualce rocas.

À la sortie de la ville, si l’on prend la route qui monte vers le nord, on aboutit bientôt à des plateaux désolés où la terre semble avoir été soumise à une très forte température, comme lors d’un incendie de forêt. Le sol en est craquelé. Pourtant, lorsque l’on traverse cette région, on a l’impression que la moindre averse transformerait ce paysage en un immense bourbier. Nulle part on ne distingue de rochers.

Cuando on lasa la via grande per la vieta torsosa cual gida a esta locas, lo es como si on ta lasa la mundo real per penetra un pais imajinal. On es turbada, a prima, par la silentia. No un canta de avia, no un xuxa de folias, an ante ce on ariva a esta plano alta desertin do mera alga bosces magra crese, multe spasida, e alga arboretas rara, racitica.

Quand on abandonne la nationale pour emprunter la petite route tortueuse qui mène en ces lieux, c’est comme si l’on quittait le monde réel et que l’on pénétrait dans un pays imaginaire. On est tout d’abord troublé par le silence. Pas le moindre chant d’oiseau, pas le moindre bruissement de feuilles, et cela bien avant d’arriver sur le plateau désertique où ne croissent que quelques maigres buissons très espacés et quelques rares arbustes rachitiques.

Casas ruinada sperde tra la campania, como frutas matur cadeda de un arbor e rodeda par la vermes, segueda par casones abandonada, con covrefenetras cluida, mures fesurida strana desformida. A esta momento, on no nota lo multe; plu tarda on persepi la cualia spesial de tota esta abitas, antica o resente. Sua mures es inclinada, como par causa de un lisca de la stratos alta de la tereno, e acel ajunta un senti supranatural cual deveni pronto angusante.

Des maisons en ruine jonchent la campagne, comme des fruits mûrs tombés de l’arbre et rongés par les vers, puis des villas abandonnées, tous volets fermés, aux murs lézardés et étrangement déformés. Sur le moment, on n’y prête pas trop attention ; ce n’est que plus tard qu’on prend vraiment conscience de la singularité de toutes ces demeures, vieilles ou récentes. Leurs murs sont inclinés comme à la suite d’un glissement des nappes supérieures du terrain, ajoutant au paysage une note surnaturelle qui devient vite angoissante.

Me no sabe lo cual ia motiva ce me segue esta via e ce me vade a interna de esta teras silente. Un via cual, en fato, no debe es reparada de longa! On ave no petra cilometral no palo de telefon, ma me no ia nota lo: mea mente ia es tro envolveda en la strania emerjinte de la visineria. Mea sensas es desuplida, como en alga sonias spesial impresante.

Je ne sais ce qui me poussa à suivre cette route puis à m’enfoncer à l’intérieur de ces terres de silence. Une route qui, d’ailleurs, n’avait pas dû être entretenue depuis bien longtemps ! Il n’y avait ni bornes kilométriques ni poteaux téléphoniques, mais je ne m’en fis pas la remarque. Mon esprit était trop imprégné de l’étrangeté émanant du paysage. Tous mes sens semblaient décuplés, comme lors de certains rêves particulièrement impressionnants.

La via pasa tan mecanical ce pos alga tempo, me no pote sabe esce me vade par pasea o par auto: me move en un mundo mor, como un regardor perdeda, desorientada, ci sta ala sin sabe perce, nonprevidable.

La route défilait machinalement, si bien qu’au bout d’un certain temps il me fut impossible de savoir si j’étais à pied ou en voiture : j’évoluais au centre d’un monde mort, en spectateur perdu, désorienté, qui se serait trouvé là sans savoir dire pourquoi, au moment où il s’y serait le moins attendu.

La stilo de la casas es stonante. On encontra tota tipos de casas, de la cultiveria a la casa colonial, con sua moldures e balustres, tal como bangalos moderna sin alma. Un sola punto es comun per totas: esta inclina strana a este.

Le style même des maisons avait de quoi surprendre. On en rencontrait de toutes sortes, de la vieille bastide provençale à la maison coloniale avec ses moulures et ses balustres, en passant par des villas plus modernes et sans cachet. Un seul point les unissait : cette étrange inclinaison vers l’est.

Me pasa lenta ante un construida bastante resente, a destra de la vieta. Me crede reconose lo. Lo es un bangalo min gastada, ma fesurida, e liscante en la solo como un barco afondante. Cualce mal brusca ia ta feri la loca, lasante mera a la abitores la tempo de clui portes e covrefenetras. En cuando me es ancora impresada par lo, la via largi e cambia a un bolevar de tera bateda. Sin duta me veni de ateni la suburbe de alga agrega urban, car, en cada parte, construidas alta es erijeda, plu o min ruinada.

Je passai lentement devant une bâtisse assez récente, à droite de la route, qu’il me sembla reconnaître. C’était une villa moins décrépie que les autres, bien que fissurée et s’enfonçant dans le sol comme un navire qui coule. Un mal brusque avait dû frapper l’endroit, laissant tout juste le temps aux habitants de fermer portes et volets. J’y pensais encore lorsque la route s’élargit pour se transformer en un grand boulevard de terre battue. Sans doute venais­-je d’atteindre la périphérie d’une agglomération car, de chaque côté, s’élevaient de hautes habitations plus ou moins en ruine.

La lisca de tereno no ia conserna esta distrito: la construidas, asi, es tota vertical. Un casa atrae me spesial: sola la mur de fondo e la mur destra resta. La fasada, la mur sinistra, la teto e la niveles alta ia colasa, forminte a la nivel de tera, un masa enorme de petras, ruinas e ojetos mutilada. Longo la grandia de la fenetras, la niveles debe ave un altia de ses metres. On pote ancora distingui moldures sur la mures, e scultas alga mediocre. Me sensa strana, regardante esta casa ruinada.

Le glissement de terrain avait épargné ce quartier : les demeures, ici, étaient bien verticales. Une des maisons m’attirait particulièrement. Il ne restait que le mur du fond et celui de droite. La façade, celui de gauche, la toiture et les étages s’étaient effondrés, formant au niveau du rez­-de-­chaussée un énorme amalgame de pierres, de gravas et d’objets mutilés. D’après la taille des fenêtres, les étages devaient avoir six mètres de haut. On pouvait encore distinguer des moulures sur les murs, de même que quelques sculptures d’assez mauvais goût. J’éprouvais une étrange sensation à regarder cette ruine.

Un talo de metal de dudes metres de altia, como surjeda de la solo, tota a lado de me, es curvinte a interna, par causa de la pesa de un frato de mureta ancora fisada a sua apico. Me prosimi e toca lo delicata. Lo sufisi per osila lo, e cade lo a pos. En un ruido cual pare a me nonormal amortida, la frato peti de mur ajunta se entre la detritos cual sperde sur la solo. Ma un otra cosa stona me alga plu: me es subita serta ce, a retro de la casa, on ave la mar.

Une tige de métal d’une vingtaine de mètres jaillissait du sol, juste devant moi. Elle pliait vers l’intérieur, sous le poids d’un reste de cloison encore accroché à son sommet. Je m’approchai et la touchai délicatement. Cela suffit pour la faire osciller, puis choir. Dans un bruit qui me parut anormalement étouffé, le petit pan de mur s’ajouta aux débris qui jonchaient le sol. Mais autre chose m’étonna davantage : j’avais soudain la certitude que, derrière la maison, se trouvait la mer.

Me ariva en media de tores de apartes, en bon state, ma grisin e con covrefenetras cluida. A la crus de vias, un panel comersial roja e blanca, a la nivel prima, loda la calmia de la rejion, proposante a comprores potensial apartes con custas vantajosa.

J’aboutis alors au milieu d’immeubles en bon état, mais grisâtres et aux volets clos. Au carrefour, une petite pancarte publicitaire rouge et blanche, au niveau du premier étage, vantait le calme de la région tout en proposant aux éventuels acquéreurs des prix avantageux pour des appartements.

Un basin antica de lava. Me consulta mea mapa: la rueta debe es a fronte. La impas de la Note. La casa sta ala. A ante, un jardin peti, un porteta metal, con un campana vea. La tintina fa eco sin fini sur la fasadas sieca. Esta casa no difere entre la otras, estra, a sinistra de la scalera, un arbor de Juda enorme.

Un lavoir. Je consultai mon plan : ce devrait être la rue en face. L’impasse de la Nuit. La maison était là. Devant, un jardinet, un portillon métallique, avec une vieille clochette. Son tintement se répercuta sur les façades aveugles dans un écho qui n’en finissait plus. Rien ne différenciait cette demeure des autres habitations, si ce n’était, au bas des escaliers, sur la gauche, un immense arbre de Judée.

Me entra sin tape. Alora un coredor streta apare, con la solo manxada par alga polvo de jeso e fratos cadeda de la sofito.

J’entrai sans frapper. C’est alors qu’apparut un petit hall au sol maculé de poussière de plâtre et de débris tombés du plafond.

La porte con vitros martelida no ia es cluida de longa: la redes de arania lia lo a la palo de porte e a la mures de la coredor, un coredor vacua, con paperes de mur descolorida. A fondo, a destra, un porte asede un sala sin alga mobila, sin alga cortina. A la otra parte, un scalera desende a la suteras.

La porte aux vitres martelées n’avait pas été fermée depuis longtemps, à en juger par les toiles d’araignées qui la liaient au chambranle et aux murs du couloir : un couloir vide, aux papiers peints délavés. Au fond, à droite, une porte donnait sur une pièce dépourvue de tout meuble, de toute tenture. De l’autre côté, un escalier descendait vers les sous­-sols.

Subita, lo cual ia motiva me asta aora pare lasa me. Me no desira plu tan continua mea visita. Cisa, car la sera ia aveni e me no gusta la idea de es asi cuando lo noti. Me senti fatigada, deludeda. A! si sola me ta es con fas a fas con esta Telima! Mea zelo colasa lenta, como con un anima lenta. La sol reposa pos la tetos de la casas, lasante ce la ombra asende la fasadas gastada asta la lucarnas de la sutetos. Cualce enerjia ia abandona me, e me resta ala, nonmovente, notante la oscuri lenta de la telias de la sursolo.

Soudain, l’intérêt qui m’avait animé jusqu’alors sembla me quitter. Je n’avais plus tellement envie de poursuivre mon inspection. Peut être parce que le soir tombait et que j’aurais aimé être loin d’ici lorsque la nuit viendrait. Je me sentais las, déçu. Si seulement je m’étais trouvé face à cette Thélima ! Mon enthousiasme s’écroulait doucement, comme au ralenti. Le soleil se couchait derrière les toits des maisons, laissant l’ombre achever l’escalade des façades décrépies puis gagner progressivement les lucarnes des greniers. Toute énergie m’avait quitté, et je restais là, immobile, à constater le lent obscurcissement des carreaux du sol.

Me sta sur la teraza dominante un parce traversada par paserias malmanejada. Alga scultas de marmo blanca emerji de la bosces, como fantasmas de petra espetante cualce sinial per inisia un ronda de dansa macabre tra la ruas de la suburbe norde.

J’étais sur la terrasse dominant un parc sillonné d’allées mal entretenues. Quelques statues de marbre blanc émergeaient des buissons comme des fantômes pétrifiés, attendant je ne sais quel signal pour s’élancer dans une ronde infernale et entamer leur macabre farandole à travers les rues du quartier périphérique nord.

Pos un curva de un paseria, me descovre subita la sculta de Telima, con sua nom gravada sur la pedestal, partal ascondeda par boscetas. Mea regarda lisca sur sua corpo, asendente asta sua fas, e resta sur acel roba corpin cual esvasa a la nivel de la jenos.

C’est au détour d’une charmille que je décelai l’effigie de Thélima, dont le nom, gravé sur le socle, était en partie occulté par des halliers. Mon regard remonta le long de son corps jusqu’à son visage, puis s’attarda sur cette robe moulante qui s’évasait au niveau des genoux.

« Un fem bela, no? Mirto demanda a me, a retro de me.

« C’est une belle femme, n’est­-ce pas ? demanda Myrte, dans mon dos.

— Un fem multe bela », me clari, turnante. « Alzon ia ta gusta portrae ela.

— Une très belle femme, précisai­-je en me retournant. Alzon aurait certainement aimé faire son portrait.

— Alzon! A un plu ves! Tu parla sempre de el, de cuando nos ia encontra nos. Me no sabe an como el aspeta, tua Alzon! »

— Alzon ! Encore Alzon ! Tu ne parles que de lui depuis que l’on se connaît. Je ne sais même pas à quoi il ressemble, ton Alzon ! »

Esce me es culpable si los ia encontra nunca? La acaso sola es la causa. Me diverje la conversa afin evita un plu disputa, e me retrae ela a la tema cual preocupa me.

Était-­ce de ma faute s’ils ne s’étaient jamais rencontrés ? Le hasard seul en était la cause. Je détournai la conversation afin d’éviter une nouvelle scène et la ramenai au sujet qui me préoccupait.

« Perce tu ia fa ce me veni asi? »

« Pourquoi m’as­-tu fait venir ici ? »

Me descovre la veria en cuando me pronunsia lo: esce Mirto no ia es la sola person cual ia ta pote cade acel paper en la pox de mea jacon, poca a ante, en la bar? Mea revela, par sua tono firma, desarma el. El mua como un xice cual on surprende pecetante, e el confesa:

Je découvrais la vérité au moment même où je l’énonçais : Myrte n’était-­elle pas la seule à avoir pu glisser ce papier dans la poche de mon manteau, tout à l’heure, dans le bar ? Ma révélation, par son ton incisif, la désarma. Elle eut une moue d’enfant prise en défaut et avoua :

« Afin tu vive lo cual tu ia vive en mea sonia… Tu sabe, acel sonia de cual me ia parla a tu… Nos ia es asi, nos tre: Telima, tu, me… Asi! Tu ia veni car tu ia trova sua adirije. En tua jacon… Ma la distrito ia es tal como me ia conose lo a la tempo cuando me ia es abitante a casa de Telima. »

« Pour te faire vivre ce que tu as vécu dans mon rêve… Tu sais, ce rêve dont je te parlais… Nous étions tous les trois, Thélima, toi, moi… Ici ! Tu étais venu parce que tu avais trouvé son adresse. Dans ton manteau… Mais le quartier était tel que je le connaissais à l’époque où j’habitais chez Thélima. »

Mirto pare turbada. El ia es esperante retrova sua pasada, entrante la bus 9, ma aora el sta en media de un suburbe desertin. No tan longa a ante, el ia es traversante la jardin de la palasio, pasante a lado de bosces de flores e basines peti con telias de seramica, seguente la via cual gida el a la impas de la Note.

Myrte paraissait bouleversée. Elle qui espérait renouer avec le passé, en prenant le bus n° 9, se retrouvait au cœur d’une banlieue désolée. Il n’y avait pas si longtemps, elle traversait le jardin du palais, contournant les carrés de fleurs et les petits bassins aux carreaux de céramique, avant d’emprunter l’avenue qui la conduisait à l’impasse de la Nuit.

A sinistra de la teraza, un scalera ia asede la parce do, a la sera, el ia gusta pasea tra la paserias bonmanejada, asta la porton de fero e la tereno savaje sperdente ultra la impas. Su esta scalera, un porte: acel de la sala cual el ia es luante. Un miror grande ia ocupa tota la fondo de la alcova de sua leto, profondinte la sala. Su la fenetra, a lado de la entra: un table, un seja e un sejon. A fondo, un cosina peti e un sala de banio, la sola loca cual Telima ia ajusta en un stilo moderna.

Un escalier, à gauche de la terrasse, descendait au parc où, le soir, elle aimait se promener parmi les allées bien entretenues jusqu’au portail de fer donnant sur le terrain vague qui s’étendait au­-delà de l’impasse. Sous cet escalier, une porte : celle du studio qu’elle louait. Une grande glace occupait tout le fond de l’alcôve où se trouvait le lit, donnant ainsi plus de profondeur à la pièce. Sous la fenêtre, près de l’entrée, une table, une chaise et un fauteuil. Au fond, une petite cuisine et une salle de bain, le seul endroit que Thélima avait aménagé en style moderne.

« Asi, tu va es vera a tua casa », Telima ia dise.

« Ici, vous serez indépendante », avait­-elle ajouté.

De la semana prima, el ia gida sua luante tra la partes la plu secreta de La Arbor de Juda. Tal, Mirto ia descovre la suteras de la casa, cual, par causa de lor vastia, ia stimula sua imajina. El ia forsa la limitas a via, plu e plu distante, creante, a note pos note, un mundo suteran asedable par ferovias strana de metro.

Dès la première semaine, elle avait fait visiter à sa locataire les moindres recoins de L’Arbre de Judée. C’est ainsi que Myrte avait découvert les sous-­sols de la maison qui, par leur immensité, avait stimulé son imagination. Elle en repoussa les limites à l’infini, créant au fil des nuits un monde souterrain desservi par d’étranges rames de métro.

La stasiones, cual on descovre a alga ves a retro de un colona o en la solo mesma, no teni alga nom, ma un letera e un numero, scriveda blanca sur fondo blu. Me lasa ce el dirije me sin ce me atenta orienta: voltas vasta disolve en la oscuria, como a interna de un castel medieval… A ante, on ave no mur. Ance no rel de balustres. Sola un paseria streta pasante supra un presipe profonda e oscur de cual un ruido asende, como un ruido de petras rondas rolada par la ondas.

Les stations, que l’on découvrait parfois au détour d’un pilier ou au beau milieu du sol, ne portaient pas de nom mais une lettre et un numéro inscrits en blanc sur fond bleu. Je me laissais conduire sans chercher à m’orienter : d’immenses voûtes se perdaient dans l’obscurité, comme à l’intérieur d’un château fort médiéval… Devant, il n’y avait pas de mur. Pas de balustrade non plus. Qu’une étroite passerelle enjambant un gouffre profond et noir d’où semblait monter comme un bruit de galets roulés par les vagues.

Telima prende mea braso per gida me tra la jinestas spinosa, asta la baieta do la spuma de mar fosforesente estingui sur la arena oscur de la plaia peti limitada par du avansas de roca umida e liscante.

Thélima me prit le bras pour me guider parmi les argelas jusqu’à la crique où l’écume phosphorescente venait s’éteindre sur le sable sombre de la petite plage que délimitaient deux avancées de rochers humides et glissants.

La Arbor de Juda silueta a retro sur un sielo pur, en cuando la luna, a sua cuatri prima, projeta sua zonas de ombra e de lus con lamas longa puntida.

L’Arbre de Judée se dessinait derrière nous sur un ciel pur, tandis que la lune, à son premier quartier, projetait ses zones d’ombre et de lumière en longues lames acérées.

« Un loca bela per sonia, no? » el murmura­.

« C’est un bel endroit pour rêver, n’est­-ce pas ? » murmura­-t-­elle.

Me anui, con mea mente ocupada par otra cosa: a alga dudes metres de distantia de la riva, tal como un tapo de suber, un barco osila sur la ondas. Un om sta sur la nivel alta de la barco; me distingui sua silueta obsoleta. Stante sur la popa, vestida con un jacon robin e un xapo silindre, el aspeta plu un pupeta de caxa musical ca un umana.

Je hochai la tête, l’esprit ailleurs. À moins de vingt mètres de la berge, telle un bouchon, une barque se laissait ballotter par les flots. Un homme était à son bord, dont je ne discernais que la silhouette obsolète. Debout sur la poupe, vêtu d’une redingote et d’un chapeau haut de forme, il ressemblait plus à un personnage de boîte à musique qu’à un être humain.

« Ma el es Alzon! Cual cosa el maneja ala, vestida tan bizara? » me esclama.

« Mais c’est Alzon ! Que fait­-il là, dans cet accoutrement ? » m’écriai­-je.

Sin plu cura per Telima, me entra en la acua.

Sans plus me soucier de Thélima, j’entrai dans l’eau.

« Alzon ! » me cria, jestinte con mea brasos per atrae sua atende.

« Alzon! » hurlai­-je en agitant les bras pour attirer son attention.

Mea vose misca con la ruido de la ondas sur la petras; me avansa plu, profondinte asta mea taie, asta mea spalas. Sur la riva, la fem joven suplica ce me reveni.

Ma voix se mêlait au bruit des galets ; j’avançai encore, m’enfonçant progressivement jusqu’à la taille, puis jusqu’aux épaules. Sur la berge, la jeune femme me suppliait de revenir.

Cuando mea pedes no toca plu la fondo, me deside nada, distantinte de la costa sin esita. La barco es alora mea refere unica, en cuando un ansia silente envolve me.

Quand mes pieds ne touchèrent plus le fond, je me résignai à nager, m’éloignant résolument de la côte. La barque devint alors mon seul repère tandis qu’une angoisse sourde s’emparait de moi.

Me oia me clamante aida, ma esce la om, ancora nonmovente a la popa de la barco, oia me sola?

Je m’entendis appeler au secours, mais l’homme, toujours aussi immobile à l’arrière de l’embarcation, m’entendait-­il seulement ?

Mea vestes ostaculi e pesosi me. Multe fortunosa, Alzon sorti de sua letarjia, verje a me e junta me pos alga secondos. Bon envolveda en la covre cual el ia pone sur mea spalas, ancora tremetante, me demanda lo cual el maneja asi, con esta vestes fantasin.

Mes vêtements me gênaient et m’alourdissaient. Fort heureusement, Alzon sortit de sa léthargie, vira de bord et me rejoignit en quelques secondes. Bien enveloppé dans le plaid qu’il avait jeté sur mes épaules, je grelottais encore lorsque je lui demandai ce qu’il faisait là, déguisé de la sorte.

« E tu? » el responde. « Cual cosa tu maneja, nadante tota vestida?

« Et toi ? me rétorqua­-t­-il. Que fais­-tu, nageant tout habillé ?

— Me veni de la casa de Telima. Mirto ia es espetante me en la parce. El ia parla a me de la suteras, de la metro… »

— Je viens de chez Thélima. Myrte m’attendait dans le parc. Elle m’a parlé des sous­-sols, du métro… »

La barco lisca sur la acua calma. Nos persepi apena la ondetas lejera sur la casco.

L’esquif glissait sur l’eau calme. C’est à peine si nous percevions le léger clapotis des flots sur la coque.

« El ia nara un sonia a me… » me continua. « Atraente me a casa de Telima, el ia ta pote desprende me!

« Elle m’a raconté un rêve… continuai­-je. En m’envoyant chez Thélima, elle se serait débarrassée de moi !

— On ta debe desfida plu la mareas forte! » la depintor declara, ante ce el maneja la barco como si nos ta es sur un barcon de tre mastos.

— On ne se méfie jamais assez des grandes marées ! déclara le peintre avant de commander la manœuvre comme si nous étions à bord d’un trois-mâts.

— … Ma me ia susede evade! »

— Mais j’ai réussi à m’échapper ! »

La plaia, cual la note ia cansela, es sola un recorda, cuando me deside nara tota.

La plage, que la nuit avait effacée, n’était plus qu’un souvenir lorsque je me décidai à tout relater.

La calmia grande de la infinita cuna nos con sua tepidia, projetante nos en esta instantes suspendeda cual composa la eternia. Nos lisca a la orizon.

Le grand calme de l’infini nous berçait de sa tiédeur, nous projetant au­-delà de nous­-même, au cœur de ces instants suspendus qui composent l’éternité. Nous glissions vers l’horizon.

« Tu ta debe vesti », la depintor sujesta a me. « Pos corta, lo va es la ora! »

« Tu devrais t’habiller, me suggéra le peintre. C’est bientôt l’heure ! »

Me desende en la entrenivel tra un scalera elica, asta esta plataforma metal cual asede coredores diversa do me persepi un ronci basa simil a acel de la metro. Telima apare alora, vestida con un roba longa azul multe escotada e ornada con brodes de filos oro. Sur sua spalas, un xal blanca.

Je descendis dans l’entrepont par un escalier en colimaçon, jusqu’à cette plate­forme métallique qui desservait plusieurs couloirs d’où me parvenait un grondement sourd semblable à celui du métro. Thélima m’apparut alors, vêtue d’une longue robe bleue très décolletée ornée de broderies de fil d’or. Sur ses épaules, un châle blanc.

« Nos pote vade », el anunsia­ mera, prendente mea braso.

« Nous pouvons y aller », annonça­-t­-elle simplement en me prenant le bras.

Ela tira la cortina cual separa nos de la salon grande, do la depintas de Alzon sta esibida – astuta favoreda par un multia de lampas de punto esperta sperdeda; ela gida me asta esta table, covreda par un telon blanca, con vitros e bevidas fresca.

Elle tira le rideau qui nous séparait du grand salon, où les toiles d’Alzon, habilement mises en valeur par une multitude de projecteurs savamment répartis, se trouvaient exposées ; puis me conduisit jusqu’à cette table, recouverte d’une nappe blanche, sur laquelle on avait déposé les verres et les rafraîchissements.

Me abri un botela de xampania, pleni du copas, e nos brinda la artiste en cuando acel es entrante, vestida elegante e covreda con un xapo silindre gloriosa.

J’ouvris une bouteille de champagne, en remplis deux coupes que nous levâmes à la santé de l’artiste au moment même où celui­-ci faisait son entrée, élégamment costumé et coiffé d’un magnifique chapeau haut de forme.

« Nos ia es espetante tu, mea mestre cara », ela dise, suriente a elo.

« Nous n’attendions plus que vous, mon cher maître », dit-­elle en lui souriant.

Alzon saluta inclinada, besa la mano de la fem joven, e aseta la vitro ofreda par ela.

Alzon s’inclina poliment et baisa la main de la jeune femme avant d’accepter le verre qu’elle lui tendait.

« Veni, me vade a introdui tu a nosa ospitadas. Los freta per conose tu. »

« Venez, que je vous présente à nos hôtes. Ils sont impatients de faire votre connaissance. »

Me profita de la momento cuando Telima gida Alzon, per amira la obras de mea ami. Multe belida par la decora valuosa de la sala, los pare difere de los cual covre la mures de sua studio. Me senti ce los es aora en sua propre ambiente e ce los revive pos un inverni longa.

Je profitai du moment où Thélima l’emmenait pour admirer à mon tour les œuvres de mon ami. Magnifiées par le décor précieux de la pièce, elles me parurent différentes de celles qui couvraient les murs de son atelier. J’avais l’impression qu’elles se trouvaient soudain dans leur élément et qu’elles revenaient à la vie après une longue période d’hibernation.

Me vade a senta sur un sejon de veluda blu oscur, cuando me persepi, a lado de la porte, esta xica con risas blonde cual prosimi a la bufes. El prende un, oserva la persones con un regarda nonconsernada, e pasea a la fenetron asedente la teraza.

J’allais m’asseoir sur le velours bleu nuit d’un fauteuil lorsque j’aperçus, près de la porte, cette jeune fille aux boucles dorées qui s’approchait du buffet sur lequel étaient disposés les toasts. Elle s’en servit un, observa l’assemblée d’un regard indifférent, puis se dirigea vers la baie vitrée donnant sur la terrasse.

Me pone mea copa e segue el.

Je posai ma coupe et lui emboîtai le pas.

La aira es dulse, a acel note merveliosa; me espera trova esta xica apoiante sur la balustres, con oios regardante la ombras de la bosces de la parce, contemplante la scultas de marmo, o reposante sur un banca, con sua fas ofreda a la venteta caresante, cargada con la sonias de la mar. Me no vide cualcun.

L’air était doux, la nuit merveilleuse ; j’espérais trouver la jeune fille accoudée à la balustrade, les yeux plongés dans l’ombre des fourrés du parc, à contempler les statues de marbre, ou étendue sur un banc, le visage offert à cette brise caressante chargée des rêves de l’océan. Je ne vis personne.

Un scalera, a sinistra, gida me alora asta la paserias bonmanejada cual vaga en la oscuria de la pergolas. Me entra prudente, sabente serta ce me vade a encontra ela, cuando me para ante la sculta de Telima. Mea regarda lisca sur sua corpo, asendente asta sua fas.

Un escalier, à gauche, me conduisit alors jusqu’aux allées soigneusement entretenues qui se perdaient dans l’obscurité des tonnelles. Je m’y engageai avec prudence, certain de la rencontrer, lorsque je tombai en arrêt devant l’effigie de Thélima. Mon regard monta le long de son corps jusqu’à son visage.

« Un fem bela, no? »

« C’est une belle femme, n’est­-ce pas ? »

Me salteta, oiante esta vose, como si on ta estrae me de un dormi profonda.

Je sursautai au son de cette voix comme si l’on me tirait d’un profond sommeil.

Ela oserva me tra longa, e cuando me es tota consensa denova, el deside subita: sua fas veni nidi se en la nido de mea spala, en cuando mea ditos penetra timida la risas de sua capeles.

Elle m’observa un long moment, puis, lorsque j’eus complètement recouvré mes esprits, se décida d’un coup ; son visage vint se blottir dans le creux de mon épaule tandis que mes doigts s’insinuaient timidement dans les boucles de ses cheveux.

El leva la testa, regarda mea labios, esita tra alga secondos, e final besa me.

Elle releva la tête, regarda mes lèvres, hésita quelques secondes, et m’embrassa enfin.

« Mirto… » me xuxa.

« Myrte… » chuchotai­-je.

El pone un dito sur mea boca e responde “no” con sua testa a cualce demanda cual me ta pote espresa.

Elle posa un doigt sur ma bouche et répondit négativement de la tête aux questions que j’allais formuler.

« Lo no es plu posible aora… » el murmura. « A du, tre anios a ante, cisa… »

« Ce n’est plus possible maintenant… murmura-­t-elle. Il y a deux ans, trois ans, peut­-être… »

FINI


[¹] Gilles Davray es la nom anagram de Yves Gaillard, scrivor, depintor e musiciste, 1946-2004.

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Lo ia es automatada jenerada de la paje corespondente en la Vici de Elefen a 8 novembre 2024 (12:32 UTC).